23/10/2022
La méthode EBIOS Risk Manager (EBIOS RM) a été mise à jour en 2018, et l’ISO 27005 en novembre 2022. Ces mises à jour sont majeures, et recentrent la gestion des risques autour des métiers, de la cybersécurité et de la protection de la vie privée. L’objectif de cet article est de préciser le lien et l’adéquation existant entre ces deux standards.
La norme ISO 27005 décrit les grandes lignes d’une gestion des risques dans un contexte cyber : définition du contexte d’analyse, identification et évaluation des risques encourus, possibilités de traitement ou d’acceptation de ces derniers. Elle introduit un processus d’appréciation des risques conforme à l’ISO 31000, sans pour autant proposer de méthode au sens strict.
Construite en cohérence forte avec le couple de normes ISO 27001/27002 et reprenant le vocabulaire principalement défini dans l’ISO 27000, la norme ISO 27005 utilise comme nombre de systèmes de management la logique d’itération et d’amélioration continue.
La méthode EBIOS est une méthode d’analyse et d’évaluation des risques qui a aujourd’hui plus de 25 ans. Elle a été définie par l’ANSSI, avec le soutien du Club EBIOS. Elle décrit dans le détail la procédure à suivre pour dérouler une analyse des risques (démarche et bonnes pratiques).
La dernière version de la méthode a permis de mettre l’accent sur l’agilité, et de substituer à la recherche d’exhaustivité une volonté de représentativité : l’idée n’est plus d’identifier tous les risques, mais uniquement les plus significatifs dans une approche permettant représenter aussi largement que possible l’espace des risques. Elle se veut aussi plus flexible en fonction de la maturité et de l’objectif fixé.
La question du lien entre l’ISO 27005 et EBIOS RM revient régulièrement, pour les deux raisons suivantes :
Quels sont les liens entre le processus EBIOS RM et le processus ISO 27005 ? Peut-on dire d’EBIOS RM qu’elle est compatible ISO 27005 ? Cet article, au fil des prochains paragraphes, détaille cette compatibilité et le lien entre chaque activité et atelier.
EBIOS RM propose une démarche construite autour de 5 ateliers (réflexions), dont l’importance va varier en fonction de l’objectif fixé pour l’analyse de risques et la maturité du périmètre concerné. Les ateliers proposés sont les suivants :
La démarche proposée par l’ISO 27005 comprend, elle aussi, 5 étapes majeures :
L’ISO 27005 ajoute en parallèle deux autres activités : la communication et la surveillance & revue.
L’ISO 27005 appelle à identifier les exigences de base des parties intéressées, en intégrant à la fois des normes, de la réglementation, d’éventuels compléments provenant de la PSSI, etc. Cela correspond très directement à l’activité EBIOS RM d’établissement du socle de sécurité.
Non-conformité : Dans les deux cas, l’idée principale est que l’ensemble des non-conformités permettront d’avoir une vision claire de la maturité du périmètre, et alimenteront le cas échéant le travail réalisé aux étapes suivantes d’évaluation des risques. En effet, chaque non-conformité ou écart sera à prendre en compte pour évaluer la vraisemblance des risques auxquels est exposé le sujet de l’analyse réalisée.
Échelles : Se pose la question des critères de réalisation des appréciations du risque : dit simplement, il s’agit d’identifier les échelles & matrices à employer pour l’analyse, à la fois en termes de gravité des événements redoutés, de vraisemblance, et de politique d’acceptation des risques identifiés.
Conséquence : Pour l’évaluation de la gravité, un changement de vocabulaire important apparaît : l’ISO 27005 ne parle pas d’événements redoutés, mais utilise le terme de conséquence (précédemment, appelle impact). L’évaluation se fait à travers les critères de conséquences, et leurs criticités qui sont le niveau de magnitude, grâce à l’identification des préjudices et dommages : cela correspond tout simplement à la notion d’impacts présents en EBIOS RM.
Vraisemblance : Pour la vraisemblance, l’ISO 27005 appelle à utiliser des échelles reposant sur des probabilités ou des fréquences. EBIOS RM laisse libre l’utilisateur de définir sa méthode d’appréciation de la vraisemblance en l’axant sur la réalité de succès de l’attaquant. L’analyse de la vraisemblance issue d’une analyse de risques EBIOS RM (si l’on suit les fiches méthodes) nécessite une adaptation conformément aux recommandations de l’ISO.
EBIOS RM a en théorie une approche plus continue de la construction de ces éléments (ils sont définis au fil de l’analyse), mais dans les faits c’est souvent le sujet par lequel démarrer. On essaye alors d’aligner ce paramétrage avec celui déjà existant au sein de l’entreprise ou de l’organisme, pour faciliter le partage a posteriori des résultats obtenus.
Le dernier critère est celui de la politique d’acceptation des risques : en fonction des critères précédents (gravité et vraisemblance), quel est le comportement de l’organisme face aux risques identifiés ? Cette évaluation de l’appétence au risque est rarement spécifique à la sphère cyber. L’ISO 27005 et EBIOS RM sont complètement alignées.
L’appréciation du risque en ISO 27005 passe par son identification, son analyse, puis son évaluation.
L’identification des risques au sens ISO 27005 est le processus consistant à rechercher, reconnaître et décrire les risques. Elle implique de déterminer les sources et ce qui peut se produire. La cible est d’avoir à l’issue de cette activité une liste de risques pouvant mener à la concrétisation de conséquences menaçant l’atteinte des objectifs de sécurité identifiés.
En EBIOS RM, l’identification des risques n’est pas monolithique. Elle va se réaliser étape par étape, et chaque atelier va permettre de les construire puis de les préciser :
L’ISO 27005 identifie deux approches possibles pour l’identification des risques basée sur :
Vulnérabilités : Il existe néanmoins une notion explicitée en ISO 27005 et non directement citée en EBIOS RM : la gestion des vulnérabilités. En conjonction à l’atelier 4 (ou à l’approche par les biens), l’intégration des vulnérabilités à la démarche d’analyse de risque permet à l’organisme de proposer un traitement spécifique du risque à un niveau détaillé. Cette proposition peut être vue comme une extension à la démarche EBIOS RM, mais n’est en rien contradictoire.
Cette étape est destinée à évaluer, à travers un ensemble de critères déterminés en amont, les risques identifiés. Ce travail permettra de projeter chaque risque en termes de gravité et de vraisemblance lors de l’évaluation. Il est (à nouveau) réalisé au fil des ateliers EBIOS RM :
Ces valeurs permettront ensuite de classifier le risque, en le confrontant aux critères d’acceptation du risque, définis par l’organisme : ce n’est ni plus ni moins que le placement de chaque risque sur une matrice d’acceptation du risque, où chaque cellule reflète ces critères.
L’ISO 27005 propose un traitement général du risque décomposé en plusieurs étapes :
EBIOS RM simplifie le choix de l’option de traitement, en priorisant en fonction des niveaux de risque la réduction ou l’acceptation. La notion de DdA n’apparaît pas non plus, mais c’est une production documentaire qui peut être faite à partir des résultats obtenus dans chaque atelier. La formalisation du plan de traitement du risque et l’acceptation des risques résiduels sont très directement repris.
L’ISO 27005 présente le processus de communication de la manière suivante : « les informations sur les risques, leurs causes, leurs conséquences, leurs vraisemblances et les moyens de maîtrise mis en œuvre pour les traiter sont communiqués […] aux parties intéressées ».
Cette communication est bien présente au sein d’EBIOS RM, mais n’est pas identifiée comme une activité spécifique. C’est plutôt un travail de fond, intégré à chaque atelier, avec l’idée que cela fait partie de l’esprit de la méthode : l’analyse de risques est par définition un outil de partage et de communication. Les nombreuses représentations graphiques (radar, scénarios stratégiques & opérationnels, etc.), mais aussi la volonté très marquée (en termes de vocabulaire et de mise en œuvre) de placer les métiers au centre en est la preuve concrète.
Scénarios de surveillance : Parmi les activités de communication et surveillance, la transposition des scénarios de risques en règles de surveillance, et règles de corrélation à intégrer dans les outils de détection d’une organisation permet d’assurer que les risques résiduels les plus critiques peuvent être détectés. Cette partie, qui fait le lien avec l’ISO 27035 (norme sur la gestion des incidents de sécurité) et les activités de SOC, n’est pas présentée dans le cadre de la méthode EBIOS RM, mais provient d’une contribution du Club EBIOS issue des retours d’expérience de ses praticiens.
Déclencheur : Pour le processus de revue et de surveillance, l’ISO 27005 fournit nombre de détails sur la mise en œuvre du suivi des risques identifiés. Les notions de cycle stratégique et opérationnel sont reprises stricto senso, mais l’ISO 27005 fait apparaître la notion de déclencheur, condition amenant effectivement à initier la mise à jour de l’une ou l’autre des activités.
EBIOS RM | ISO 27005 |
---|---|
Partie prenante | Partie intéressée |
Cadrage et socle de sécurité | Etablissement du contexte |
Scénario stratégique | Approche par évènements |
Scénario opérationnel | Approche par les biens support |
Évènement redouté | Conséquence |
Évènement intermédiaire | Conséquence intermédiaire |
Valeur métier | Bien primaire |
Bien support | Bien support |
Source de risque | Source de risque |
Niveau de Menace | Niveau de danger |
PACS | Plan de traitement du risque |
Impact | Critères de conséquences |
Besoin de sécurité | Objectif de sécurité |
Gravité | Gravité |
N/A | Déclencheur |
L’approche générale proposée par l’ISO 27005 permet à chacun d’identifier les étapes nécessaires à la réalisation d’une analyse de risques, sans imposer de processus spécifique pour les conduire. La nouveauté principale de l’ISO 27005 est l’approche duale par événements et/ou par biens supports, et cette approche duale fait partie du cœur de la méthode EBIOS. Les concepts utilisés de part et d’autre sont cohérents, même s’ils ne sont parfois explicités que d’un côté ou de l’autre.
Article connexe : différences entre l’ISO 27005:2018 et l’ISO 27005:2022
01/04/2020
Il faut différencier la conformité aux obligations et les réponses apportées par l’organisme, de la démarche d’étude des risques décrites dans un PIA (Privacy Impact Assessment, ou analyse d’impact relative à la protection des données dans le RGPD).
L’analyse de la conformité aux obligations provenant de l’application de la législation (en particulier du RGPD et de la loi Informatique et libertés) peut ainsi être incluse dans l’atelier 1 d’EBIOS Risk Manager.
Pour ce faire, il ne faut pas mettre le RGPD dans son ensemble dans le socle de sécurité car il ne s’agit pas d’une liste d’exigences.
Par contre :
– les « normes simplifiées » de la CNIL, ou autres référentiels précis publiés par la CNIL ou l’EDPB (les CNILs européennes), peuvent utilement être ajoutées au socle (qui n’est plus que « de sécurité » dans ce cas), car il s’agit d’obligations ou de recommandations précises ;
– le « Socle pour la protection de la vie privée » du Club EBIOS peut être employé de la même manière.
L’étude des risques liés aux données à caractère personnel peut ensuite être menée par scénarios, en considérant les impacts sur les droits et libertés des personnes concernées, en plus ou à la place de la cybersécurité.
NB : EBIOS Risk Manager est une application d’EBIOS à la cybersécurité, dont l’objectif est de protéger les organismes contre les risques liés au numérique, alors que la protection de la vie privée a pour objectif de protéger les personnes concernées contre les mauvais usages et violations de leurs données, etc. Les deux approches sont complémentaires.
Question initiale :
Imaginons que mes associés et moi choisissions la méthode EBIOS Risk Manager.
Quels sont les première étapes d’implémentation de la méthode ? Devons-nous contacter des membres de l’ANSSI ? Devons-nous demander de l’aide ? Les Risk Managers et RSSI doivent-ils obligatoirement passer une formation à EBIOS Risk Manager ?
Très distinctement, comment s’implémente EBIOS Risk Manager d’un point opérationnel et pratique, pour une grande entreprise (les étapes, ceux qu’il faut faire exactement, etc.) ?
Quelques éléments de réponses :
Pour les organisations voulant se lancer, quitte à se tromper, car c’est en pratiquant qu’on va soi-même se rendre compte des choses à améliorer :
1. lire les guides ;
2. faire une formation (cf. liste des formateurs ayant signé la Charte du formateur EBIOS Risk Manager) ;
3. faire une étude, répondant à un besoin réel (ce qui permettra d’impliquer plus facilement les participants), et si possible en mode très “agile” (ce qui permettra d’une part d’avoir rapidement des résultats, d’autre part d’éviter de se noyer, et enfin de rapidement s’approprier les concepts et rectifier plus facilement le tir quand on a pu se tromper) : 1 référence pour le socle, 1 valeur métier, 1 événement redouté, 1 source de risques, 1 scénario stratégique, 1 scénario opérationnel, etc. puis on refait.
Pour les organisations déjà matures en sécurité :
1. disposer d’une instruction rendant les études de risques obligatoires ;
2. établir une taxonomie des besoins en études de risques de cybersécurité, selon le type de projets, contraintes métiers et pays, etc. ;
3. élaborer des guides (ex : documents, wiki) documentant en pratique comment mener une étude EBIOS Risk Manager, avec l’outillage correspondant, que ce soit à base de posters, de feuilles Excel ou d’outils ad-hoc ;
4. organiser des « projets pilotes » sur des études emblématiques de cas réels ; évaluer les retours d’expérience ;
5. organiser des sensibilisations aux études de risques de cybersécurité pour les généralistes ;
6. organiser des formations de « facilitateurs » pour les experts cyber : cela comprend une formation à EBIOS Risk Manager, puis une formation à l’animation d’ateliers.
Pour une démarche plus globale, un excellent guide a été publié par l’ANSSI et l’AMRAE : “Maîtrise du risque numérique – L’atout confiance”.
Il décrit 15 étapes d’une démarche progressive pour construire, étape par étape, une politique de gestion du risque numérique au sein de leur organisation :
– prendre la mesure du risque numérique ; comprendre le risque numérique et s’organiser (étapes 1 à 6) ;
– bâtir son socle de sécurité (étapes 7 à 11) ;
– piloter son risque numérique et valoriser sa cybersécurité (étapes 12 à 15).
Question initiale :
Comment devenir formateur EBIOS Risk Manager ? Quelles sont les étapes ?
Comment faire partie de ceux qui travaillent sur la méthode ?
Quelques éléments de réponses :
Les conditions pour être formateur EBIOS Risk Manager sont fixées dans la Charte des formateurs.
Sur l’ordre des choses, je dirais que c’est à vous de voir !
Et pour faire partie du Cercle des formateurs, il faut d’une part avoir signé cette Charte, mais aussi faire partie du Club EBIOS.
Question initiale :
Lorsque j’évoque l’utilisation ou au moins qu’on s’intéresse à la méthode au sein de mon entreprise (grande collectivité territoriale), on me dit qu’EBIOS est (je cite) :” […] pas fan, rébarbatif, 70 pages que personne ne lit…”
De mon côté je soutiens que la méthode, certes un peu complexe à aborder au départ, mais que, moyennant peut-être un accompagnement initial, l’intérêt est de monter en compétence et en maturité au niveau de notre niveau d’analyse de risques. Cela ne pourra nous être que profitable pour la suite une analyse de risque plus ambitieuse.
Mais par quel bout entamer la démarche ? Est-il notamment pertinent de démarrer par un petit projet ?
D’où ma question: Quel est le degré de granularité minimale d’utilisation d’EBIOS Risk Manager dans un SI ? Ou, autrement dit, peut-on envisager d’utiliser EBIOS Risk Manager pour un projet d’envergure plus modeste (ex: simple applicatif web de service public) ?
Quelques éléments de réponse :
La dernière version de la méthode EBIOS Risk Manager a justement été créée pour être plus accessible à ceux qui imaginaient (à tort selon moi) que la méthode était compliquée (c’est juste qu’elle était davantage écrite à la française, alors que personne n’aime lire !).
L’approche par scénarios permet notamment de se focaliser sur les risques ciblés et représentatifs de l’univers des risques (recherche d’efficacité plutôt que d’exhaustivité), après avoir évalué les mesures qu’on s’est engagé à respecter (ex : PSSI) et qui traitent naturellement la majorité des risques standards si elles sont mises en œuvre (l’approche par conformité).
Quant à son champ d’application, tout est possible : depuis l’étude de l’ensemble de l’organisme jusqu’à celle d’un composant applicatif.
Tout dépend de la modélisation que vous effectuez de la cible de l’étude et l’objectif recherché. Plus le périmètre est important, plus le niveau de granularité de l’analyse par scénarios sera faible pour éviter de se noyer dans trop de scénarios à examiner. Cette modélisation pour rester pertinente demande une connaissance approfondie du périmètre et une expérience de l’application de la méthode pour comprendre les implications des choix de la modélisation”.
Il conviendrait sans doute de privilégier un sujet que vous maîtrisez bien (sur lequel vous aurez toutes les informations nécessaires et si possible vous pourrez impliquer le plus de personnes possible) et qui va intéresser les décideurs (ex : un nouveau service que tout le monde attend).
Quels que soit le sujet retenu, il faudra juste adapter le niveau de détail de chaque atelier à la taille du périmètre afin de garder l’étude digeste pour ceux qui y participeront ou la valideront.
08/11/2019
Question initiale :
Dans les documents détaillant la méthode, on qualifie les “biens essentiels” de “patrimoine informationnel”. En effet, dans l’étude de cas @rchimed, ne figurent dans le tableau des biens essentiels que des informations telles que le contenu d’un devis, d’une page web, d’un plan, etc.
Mes interrogations sont les suivantes:
Or, dans la nouvelle formation, nous avions qualifié de biens essentiels les activités essentielles, qu’elles reposent ou non sur une source d’information.
– Est-ce une erreur ?
– Quelle est la différence entre biens essentiels et activités essentiels ?
– Comment faire ressortir les biens essentiels d’une prestation effectuée par un administrateur Système, un commercial, etc. ne reposant pas sur une base d’information ?
– En outre, est-ce correct si dans mon tableau de biens essentiels ne figurent que des services et ou activités ?
Quelques éléments de réponse :
Dans EBIOS RM, le terme de biens essentiels a été remplacé par “valeurs métiers”, pour désigner le même concept : Valeur métier = “composante importante pour l’organisation dans l’accomplissement de sa mission. Cela peut être un service, une fonction support, une étape dans un projet et toute information ou savoir-faire associé”.
– Non, les biens essentiels ne sont pas limités au patrimoine informationnel. Il les faut voir comme quelque chose d’immatériel, qui a de la valeur pour le métier considéré – celui qui prend la responsabilité de sa protection.
– Selon la modélisation que l’on utilise, des activités sont en général liées à un ou plusieurs métiers et donc peuvent regrouper un ensemble de biens essentiels comme des processus, des services, des fonctions et/ou des informations. Le niveau d’abstraction (de modélisation) dépend de la finalité de l’étude et de la complexité du périmètre à étudier. Ce qui est important c’est qu’à partir d’un bien essentiel, le métier (la MOA) exprime un besoin de sécurité.
– Un bien essentiel peut être le service rendu dans le cadre d’une prestation : gérer des accès, patcher les systèmes, établir une proposition, gérer une base commerciale, etc. Attention néanmoins, le bien essentiel doit être une valeur métier pour la MOA de l’étude. Donc, gérer des accès est une valeur si la MOA est la DSI. Mais ce n’est pas une valeur métier pour une analyse conduite par la direction commerciale, par exemple.
– Oui on peut avoir uniquement des services ou activités. Mais attention d’être complet pour le périmètre considéré dans l’étude. Donc, il faut vérifier que les services et activités que vous avez choisis couvrent bien tout le cycle de vie – placé sous la responsabilité du métier – des informations essentielles.
11/08/2019
Des mesures peuvent bien entendu avoir un effet sur la gravité des risques dès lors qu’elles réduisent le préjudice lié à l’atteinte de la valeur métier concernée. Par exemple, des mesures permettent la mise en place d’un fonctionnement dégradé.
Les mesures sont prises en compte et décidées à plusieurs étapes de méthode. Un événement redouté peut avoir une gravité réduite parce que des mesures existantes sont considérées dans le socle de sécurité. La réduction de la gravité d’un scénario stratégique (et par induction d’un scénario opérationnel) peut être évaluée lors de l’atelier 3 par l’application de mesures de sécurité sur l’écosystème – Cette réduction à une gravité résiduelle est mentionnée dans le guide EBIOS Risk Manager dans le tableau cité en exemple page 76.
Il est vrai que dans une stratégie se limitant à renforcer la sécurité en rendant la tâche plus difficile pour l’attaquant, elle n’aura pas d’impact sur la gravité des risques. Ce qui ne sera pas le cas si la stratégie conduit également à limiter les préjudices des risques ou à réduire le niveau de menace intrinsèque.
17/04/2019
Question initiale : “Le périmètre d’activité du Risk Manager est bien plus large que le périmètre des risques numériques, et d’autre part, le management des risques numériques est sous la responsabilité du RSSI, qui en fournit une vision au Risk Manager pour consolidation dans la cartographie des risques majeurs de l’organisation.
Au travers des FAQ publiées sur le site de l’ANSSI, il est indiqué que « Les publics intéressés par cette méthode sont les RSSI et les risk managers ». Concrètement qui déroule la méthode ?”
Quelques éléments de réponse :
1. La méthode est bien une démarche de gestion des risques. L’objet de la méthode peut être d’ailleurs de “mettre en place ou renforcer un processus de management du risque numérique au sein d’une organisation”, ce qui est notamment illustré par les cycles opérationnels et stratégiques proposés dans la méthode.
2. Elle n’est pas déroulée par un acteur unique mais est conduite au travers d’ateliers réunissant les points de vue de plusieurs acteurs (Directions, métiers, RSSI, DSI, spécialiste en analyse de la menace numérique, Architectes fonctionnels, spécialiste en cybersécurité). Le Risk Manager peut être l’un des acteurs contribuant à la conduite de la démarche notamment en fournissant des éléments de décision de traitement des risques.
3. Quelque soit la méthode, l’un des points forts de cette nouvelle version est la simplification pour la rendre accessible à un plus grands nombre d’acteurs et notamment des non spécialistes de la SSI, dont des Risk Managers.
4. La méthode EBIOS Risk Manager est limitée aux risques numériques. EBIOS Générique (méthodologie du Club EBIOS) étend EBIOS RM pour se décliner dans tous les domaines en respect des exigences de la norme ISO 31000.
03/02/2019
La traduction du guide d’EBIOS Risk Manager et de son supplément sortira fin septembre 2019.
La précédente version n’a jamais fait l’objet d’une traduction publiée.
Il existe aussi l’EBIOS générique, qui sert à créer des méthodes sectorielles, et qui est traduite.
09/01/2019
Quelques éléments de réponses :
EBIOS Risk Manager est une méthode de gestion des risques de cybersécurité, et non de gestion des risques juridiques, environnementaux ou autres.
En outre, l’approche par scénarios d’EBIOS Risk Manager est ciblée sur les menaces intentionnelles.
Toutefois, les risques accidentels et environnementaux sont traités a priori via une approche par conformité au sein du socle de sécurité.
A noter : l’approche générique d’EBIOS (https://club-ebios.org/site/ebios-lapproche-generique/) couvre tous les types de risques et permet de créer des méthodes sectorielles.
L’objectif principal de la méthode EBIOS RM est de se concentrer sur l’analyse des risques ciblés. Considérant que les éléments faisant partie des référentiels de sécurité sont à appliquer (identifiés comme le socle de sécurité en atelier 1), la méthode EBIOS RM n’a pas pour objet de justifier ou d’argumenter le besoin ou les priorités de mettre en place ces mesures.
L’atelier 5, consacré au traitement des risques, sera l’occasion d’inscrire les mesures non mises à œuvre dans un plan d’amélioration continue.
A noter
17/12/2018
EBIOS – Expression des Besoins et Identification des Objectifs de Sécurité – est une méthodologie universelle de gestion des risques qui permet de créer des méthodes sectorielles, publiée par le Club EBIOS (voir la méthodologie).
EBIOS est une marque déposée du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN).
EBIOS Risk Manager (ou EBIOS RM) est la méthode d’appréciation et de traitement des risques de cybersécurité publiée par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI).
15/12/2018
La fiche d’expression rationnelle des objectifs de sécurité (FEROS) est un document largement utilisé dans les programmes et projets d’armement comme point de départ d’une démarche d’homologation ou de certification par exemple. Les sommaires types proposés sur le site institutionnel de l’ANSSI, dont celui de la FEROS (https://www.ssi.gouv.fr/uploads/2014/06/Lhomologation-en-neuf-etapes-simples-Document-types.pdf), feront l’objet d’une mise à jour avant l’été 2019 afin de répercuter les évolutions de la méthode EBIOS.
La FEROS est principalement le reflet des résultats de l’analyse de risque, elle est donc structurée comme telle. Par conséquent, vous pouvez adapter votre template en reprenant les grandes séquences d’EBIOS Risk Manager. Par exemple, si l’on considère le template proposé par l’ANSSI (cf. lien ci-dessus) :
Pour le §8, nous vous recommandons fortement de structurer votre stratégie et vos mesures selon le cadre de référence suivant : protection, défense, résilience, gouvernance (voir fiche méthode n°9).
Ci-après les ressources utiles :
09/12/2018
Vous avez bien perçu l’articulation entre l’atelier 1 et les ateliers 2-3-4 d’appréciation des risques.
Un des objectifs de l’atelier 1 est d’identifier ou de bâtir un socle de sécurité à la fois basé sur l’état de l’art, les bonnes pratiques (dont la PSSI existante), et la réglementation. Les ateliers d’appréciation des risques vont ensuite « malmener » ce socle au travers de scénarios d’attaques représentatifs de la menace à laquelle vous êtes réellement exposé. L’appréciation des risques peut aboutir à la nécessité de durcir le socle grâce à des mesures complémentaires ad hoc. Elle peut également permettre de justifier des écarts de conformité ou des vulnérabilités. L’ISO 27001 constitue un cadre intéressant pour bâtir un socle de sécurité cohérent. Par ailleurs, la prise de risque peut dans certains cas être simplement acceptée en l’état ou refusée le temps de revenir à une situation plus saine, voire transférée vers une assurance ou un tiers.
L’appréciation des risques dans EBIOS RM est par essence intentionnelle. Nous considérons que les risques accidentels et environnementaux sont traités a priori dans l’atelier 1 dans le cadre du socle de sécurité.
Dès lors, deux réponses sont possibles.
La première consiste à distinguer les sujets. L’évaluation de la conformité aux bonnes pratiques de l’annexe de l’ISO 27001 vous permet de mettre les écarts en évidence et de déterminer les actions à entreprendre pour vous en rapprocher. Vous choisirez ensuite si votre étude des risques doit être basée sur l’état actuel de conformité aux bonnes pratiques ou sur l’état visé. À l’issue, vous aurez non seulement un plan d’action pour améliorer votre conformité et votre plan d’action pour traiter les risques appréciés avec la méthode.
Pour rappel, ces bonnes pratiques ne constituent pas le cœur d’ISO 27001, mais permettent juste de comparer les mesures choisies dans votre environnement à des bonnes pratiques.
La deuxième est applicable si vous souhaiteriez contextualiser ces risques afin de mettre en lumière de quelle façon les écarts concernés à l’ISO sont préjudiciables et justifier ainsi auprès de votre direction la nécessité d’y remédier.
Si vous souhaitez réaliser une appréciation des risques non intentionnels dans le cadre d’une EBIOS RM, vous pouvez procéder comme suit, mais dans tous les cas la phase d’appréciation des risques devra se concentrer sur les risques les plus extrêmes. Sans quoi, l’analyse serait trop lourde et inexploitable pour un décideur. Celui-ci doit pouvoir poser une décision sur un jeu de scénarios concret et limité, représentatif des risques les plus critiques.
Une façon alternative (mais non exclusive de celle présentée ci-dessus) de « valoriser » les problèmes de nature non intentionnelle est de voir de quelle façon ils peuvent bénéficier aux attaquants dans vos scénarios de risque intentionnels. Par exemple, un attaquant peut arriver à atteindre son objectif visé en raison d’un écart de sécurité environnementale qu’il exploitera volontairement ou opportunément. La vraisemblance d’une attaque peut être accrue à cause d’un manquement à une règle ISO 27001. Dans cette approche, vos écarts non intentionnels sont intégrés dans des scénarios de risques intentionnels en tant que facteurs aggravants qui faciliteront l’attaque. Cette approche peut se révéler très percutante car elle montre de quelle façon les faiblesses environnementales du socle de sécurité peuvent rendre une attaque intentionnelle bien plus vraisemblable ou aggraver fortement les conséquences.
02/12/2018
En matière de gestion des risques ou de cybersécurité, la méthode EBIOS Risk Manager est une méthode de référence développée par l’ANSSI et soutenue par le Club EBIOS. Elle permet d’apprécier et de traiter les risques numériques, conformément à la norme ISO/IEC 27005, dont les valeurs reposent sur les aspects concret, efficient, convaincant et collaboratif.
Face au bouleversement numérique, la méthode EBIOS nécessitait d’évoluer pour prendre en compte l’environnement numérique actuel (systèmes interconnectés, prolifération des menaces, état de l’art et règlementation plus mature, connaissance de la menace). La version de 2010 était très pertinente dans son contexte mais proposait une analyse séquencée, système par système. Il fallait attendre la fin de l’analyse complète pour pouvoir obtenir des résultats. La nouvelle version EBIOS Risk Manager propose une méthode d’analyse plus agile de l’ensemble des systèmes, dans leur environnement global, avec des résultats visibles étape par étape. Ce procédé d’analyse offre un aperçu plus réaliste et qualitatif. On estime qu’après appropriation, la mise en œuvre de cette démarche permet de gagner 30% de temps en comparaison avec la version de 2010. Les analyses réalisées avec cette dernière peuvent être intégrées au sein de cette nouvelle version puisque certaines mesures de traitement ont déjà été opérées. Ces mesures peuvent facilement contribuer à l’atelier 1 de la méthode EBIOS Risk Manager, lors de la définition du socle de sécurité.
EBIOS Risk Manager propose une analyse plus agile et ciblée. Elle est ancrée dans la réalité de la menace cyber et de l’environnement des systèmes concernés, et permet d’obtenir des résultats au fil de l’analyse, par ateliers exécutés. Elle prend en compte l’ensemble de l’écosystème de l’objet de l’étude.
Les analyses de risques réalisées avec la version précédente sont évidemment réutilisables dans la version actuelle. Grâce aux analyses de risques déjà réalisées, les mesures destinées à traiter les risques ont été identifiées et mises en place. Ces mesures pourront être directement intégrées au cours de l’atelier 1 de la méthode EBIOS, lors de la définition du socle de sécurité.
En effet, l’étape de définition du socle de sécurité permet d’identifier l’ensemble des bonnes pratiques, des mesures règlementaires et normatives qui s’appliquent à l’objet de l’étude, mais aussi des mesures spécifiques déjà mises en place sur le périmètre concerné.
La version 2010 n’est plus maintenue à partir de la sortie de la nouvelle version 2018.
Il s’agit de la base officielle de l’ANSSI. Le Club et l’ANSSI poursuivent les travaux dans le cadre des groupes de travail du Club EBIOS afin de fournir plus de contenus sur son portail (bases de connaissances, techniques spécifiques, études de cas, etc.).
La pyramide, qui place la réglementation et les mesures de base sous la gestion des risques, a pour but d’expliquer qu’EBIOS Risk Manager vise l’efficacité plutôt que l’exhaustivité : la méthode gère les risques qui peuvent encore survenir après application de la réglementation et des pratiques de base. Le reste de la méthode se concentre donc uniquement sur cette partie.
17/11/2018
Réponse d’un membre du Club EBIOS : “on peut agir sur plusieurs éléments pour que le résultat corresponde aux attentes”
La réalisation d’une étude est parfois critiquée en raison de l’explosion combinatoire des éléments à étudier. C’est pourquoi il convient, avant ou au début de toute étude, de se demander ce qu’est capable d’accepter le commanditaire en termes de lisibilité.
Certains souhaitent avoir autant de détails que nécessaire pour traiter les risques (et/ou justifier les mesures) de manière fine.
Dans ce cas, il est possible de traiter toute la combinatoire d’événements et de scénarios de menaces.
Si tel n’est pas le cas, voici quelques astuces qui vous permettront de diminuer l’entropie de l’analyse :
Dans les graphes d’attaque présentés, la valeur en gras correspond à la probabilité ou difficulté technique de l’action élémentaire concernée du point de vue de l’attaquant. Par exemple dans le premier paragraphe « Pr 4 » pour l’action élémentaire « Intrusion via mail de hameçonnage sur service RH » signifie que l’on considère que cette action d’hameçonnage a une probabilité quasi-certaine de réussir pour l’attaquant compte-tenu par exemple du très faible niveau de sensibilisation des personnes visées. La valeur entre parenthèses et en italique correspond à l’indice cumulé de probabilité ou de difficulté technique de la phase concernée du mode opératoire. Elle est calculée en appliquant les algorithmes proposés. La probabilité cumulée intermédiaire à une phase donnée du mode opératoire correspond donc à la probabilité que l’attaquant ait réussi toutes les actions élémentaires en amont y compris l’action élémentaire concernée. Par exemple, « (3) » au niveau de l’action élémentaire « Exploitation maliciel de collecte et d’exfiltration » signifie que l’on estime que l’attaquant a de très fortes chances (probabilité très élevée) d’arriver à ce stade du mode opératoire concerné, compte-tenu des probabilités de succès des actions élémentaires précédentes et de celle concernée.
En complément du guide EBIOS Risk Manager, des « fiches méthodes » ont été créées pour vous aider à réaliser chaque atelier décrit dans le guide. Elles contiennent notamment des bases de connaissances qui ont vocation à faciliter l’animation des ateliers d’appréciation des risques et l’identification des scénarios. Conçues comme des outils d’accompagnement à vocation pédagogique, ces fiches méthodes seront régulièrement enrichies et mises à jour.
La Fiche méthode n°5 décrit la méthode d’évaluation du niveau de menace d’une partie prenante et propose une métrique. Quatre critères d’évaluation sont pris en compte : deux qui reflètent le degré d’exposition de l’objet de l’étude vis-à-vis de la partie prenante (dépendance et pénétration) et deux qui concernent le niveau de fiabilité cyber de la partie prenante (maturité et confiance).
Dans la cartographie radar, vous pouvez simplement positionner chaque partie prenante selon son niveau de menace. Mais vous pouvez également affiner la représentation comme proposé dans la cartographie page 45 : la taille des ronds reflète le degré d’exposition relatif à la partie prenante (produit dépendance x pénétration) et la couleur des ronds traduit la fiabilité cyber (produit maturité x confiance).
Dans l’exemple qui est donné, on a supposé que l’on dispose d’informations permettant d’évaluer la motivation, les ressources et l’activité de la source de risque. Une échelle de cotation à trois niveaux est utilisée, représentée par des « + ». La pertinence globale d’un couple SR/OV est estimée selon la métrique suivante : pertinence faible si la somme « motivation+ressources+activité » est égale à 3 ou 4 ; pertinence moyenne si la somme est égale à 5, 6 ou 7 ; pertinence élevée si le score est 8 ou 9.
Suite à l’appel à manifestation d’intérêt lancé l’été 2018 par l’ANSSI, plusieurs éditeurs ont répondu favorablement et travaillent activement au développement de solutions logicielles pour outiller la méthode EBIOS RM.
Le lancement d’un label qui atteste de la conformité des solutions logicielles aux principes et aux concepts de la méthode a eu lieu début 2019.
La liste des solutions labellisées est disponible sur le site de l’ANSSI.
Afin d’outiller cette nouvelle méthode, l’ANSSI souhaite s’appuyer sur des partenaires externes, éditeurs de logiciel. La mise à disposition d’une ou plusieurs solutions logicielles conformes à l’esprit de la méthode apparaît comme un complément attendu qui facilitera son adoption par le plus grand nombre.
Dans cette logique, l’ANSSI travaille à la création et à l’attribution d’un label de conformité EBIOS RM, accessible à tout éditeur souhaitant développer une solution logicielle conforme aux principes et aux concepts de la méthode EBIOS « Risk Manager ».
Les éditeurs sont dès à présent invités à se rapprocher de l’ANSSI (contact : ebios[at]ssi.gouv.fr) pour participer à l’expérimentation de la labellisation avant son lancement et disposer du cahier des charges dans le cadre d’un accord de confidentialité.
Voir la page du label sur le site de l’ANSSI.
L’outil développé en open source par l’ANSSI pour la méthode EBIOS 2010 a été retiré du site internet de l’ANSSI car il était devenu obsolète. Il ne sera plus maintenu par l’ANSSI.
Les analyses de risques réalisées avec la version précédente sont évidemment réutilisables dans la version actuelle. Grâce aux analyses de risques déjà réalisées, vous avez identifié et mis en place un certain nombre de mesures destinées à traiter les risques. Ces mesures pourront être directement intégrées au cours de l’atelier 1 de la méthode EBIOS Risk Manager, lors de la définition du socle de sécurité.
En effet, l’étape de définition du socle de sécurité permet d’identifier l’ensemble des bonnes pratiques, des mesures règlementaires et normatives qui s’appliquent à l’objet de l’étude, mais aussi les mesures spécifiques déjà en place sur votre périmètre.
A minima, il est fortement conseillé d’impliquer dans les ateliers un représentant du métier ou de la direction et un responsable des systèmes d’information. Néanmoins, la cybersécurité étant un domaine particulièrement technique, nous conseillons aux PME de se faire accompagner par un prestataire maîtrisant les enjeux et la méthode. Pour cela le Club EBIOS peut aider à prendre en main la méthode et à identifier des prestataires.
Réponse d’un membre du Club
La méthode EBIOS Risk Manager répond tout à fait à ce besoin. Le premier atelier permet de faire l’état des lieux de la conformité à une ou plusieurs règlementations en identifiant les éventuels écarts qui sont envisagés et les mesures qui sont prévues dans le socle de sécurité pour compenser ces écarts. Puis les phases d’appréciation et de traitement des risques (ateliers 2, 3, 4 et 5) permettent de consolider le socle de sécurité pour in fine attester de la conformité réglementaire, en précisant les écarts acceptés grâce à l’ensemble des mesures de sécurité qui permettent de diminuer suffisamment la criticité des risques.
Une réaction extérieure
J’essaye de comprendre de quelle manière EBIOS Risk Manager pourrait être utilisée afin d’évaluer notre conformité vis-à-vis de plusieurs référentiels ANSSI. Je rencontre toutefois un problème d’interprétation pour ce cas d’utilisation, intitulé “Être en conformité avec les référentiels de sécurité numérique”, page 14 du guide. Plus particulièrement dans le tableau de cette page où ce process ne fait intervenir que les ateliers 1 et 5. Cette ligne du tableau semble contredire la réponse ci-dessus. J’ai toutefois une remarque : en général les documents de conformité (hygiène, PSSIE, RGS) sont rédigés en dehors de tout contexte de menace /scénarios de risque précis. Du coup, quel que soit le cheminement au travers des ateliers, il semble difficile de réaliser les étapes de l’atelier 5 qui nécessitent de tels scénarios de risque.
Réponse d’un autre membre du Club
1. Le tableau page 14 du Guide est une aide à l’application de la méthode. Les ateliers identifiés doivent être considérés comme les principaux ateliers visant la finalité recherchée.
2. Il n’est pas nécessaire d’identifier des risques liés aux référentiels considérant que les exigences n’ont pas besoin d’être justifiées par des risques à couvrir. Elles sont des postulats considérés dans l’étude.
3. Les documents de conformité à prendre en compte dans l’atelier 1 doivent être une liste d’exigences applicables servant de référence à l’analyse de conformité. Le contexte peut être pris en compte dans le cadre du référentiel mais ne doit pas dépendre de risques non identifiés. L’atelier 5 peut servir à rédiger le PACS à partir des écarts identifiés en atelier 1, et à identifier les risques résiduels pour les exigences non satisfaites, sans pour autant réaliser une approche par scénario. L’approche par scénario peut compléter l’analyse.
Réponse d’un autre membre du Club
Il faut distinguer :
1. la pure gestion des risques de cybersécurité avec EBIOS Risk Manager, qui commence par évaluer l’application de ce qu’on s’est engagé à mettre en œuvre en matière de sécurité (ex : PSSI ou hygiène), et là, soit on s’arrête là tant que le socle n’est pas mis en œuvre, soit on note les écarts et cela alimente le plan d’action, pour ensuite mener le reste de l’étude comme si c’était mis en place afin de se concentrer sur ce qui dépasse du socle ;
2. la gestion des risques juridiques, qui va consister à protéger l’organisme des non-conformités avec la réglementation qu’on est censé appliquer, et là, il vaut mieux partir de l’EBIOS générique et l’utiliser en changeant les concepts et l’ordre des choses (ex : les impacts seront juridiques, financiers ou d’image et leur gravité dépendra des sanctions potentielles, et les scénarios de risques correspondront à tout ce qui rendrait possible les non-conformités) ;
3. la gestion des risques uniquement sur la vie privée, et là je conseillerais d’utiliser les guides et le logiciel libre PIA de la CNIL ;
4. la gestion des risques mixtes SSI + privacy, qui pourrait consister à utiliser EBIOS Risk Manager, en ajoutant deux choses : d’une part une déclaration d’applicabilité au regard des principes fondamentaux (finalité légitime et déterminée, minimisation des données collectées, exercice des droits des personnes, etc.), et d’autre part les impacts sur les droits et libertés des personnes concernées dans les événements redoutés.
Tout dépend de l’objectif visé, et il faut savoir jouer avec les outils, sachant que selon moi, il n’y a pas de meilleur outil qu’un outil qu’on maîtrise !
En se constituant autour de 5 ateliers complémentaires, la méthode EBIOS RM offre :
– Une synthèse entre conformité et scénarios : la méthode s’appuie sur un socle de sécurité solide, construit grâce à une approche par conformité. L’approche par scénarios vient solliciter ce socle face à des scénarios de risque plus particulièrement ciblés ou sophistiqués ;
– Une valorisation de la connaissance cyber : pour construire des scénarios de risques du point de vue de l’attaquant, il est indispensable d’avoir une bonne connaissance de ceux-ci. L’ANSSI propose donc avec la méthode EBIOS une structure permettant d’évaluer les différents profils d’attaquants et leurs objectifs ainsi que des bases de connaissances ;
– Une prise en compte de l’écosystème : les attaquants ne cherchent plus forcément à atteindre de manière frontale les organismes mais à passer par des parties prenantes de leur écosystème, qui peuvent être plus vulnérables, pour parvenir à leurs fins. La prise en compte de l’écosystème dans l’étude des risques est donc à présent indispensable.
La méthode EBIOS Risk Manager a été conçue en s’appuyant sur les valeurs suivantes :
– une méthode concrète axée sur la réalité de l’état de la menace ;
– une méthode efficiente, simple et suffisamment souple pour être complétée et adaptée rapidement ;
– une méthode convaincante auprès des dirigeants, où le risque cyber doit être expliqué avec pédagogie ;
– une méthode collaborative car les différents ateliers regroupent la direction, les métiers et les équipes SSI.
La méthode EBIOS Risk Manager doit offrir une compréhension partagée des risques cyber entre les décideurs et les opérationnels. L’objectif est que le risque cyber soit considéré au même niveau que les autres risques stratégiques (risque financier, juridique, d’image, etc.) par les dirigeants.
Les publics intéressés par cette méthode sont les RSSI et les risk managers.
La méthode EBIOS (dont la dernière version datait de 2010) était très pertinente dans son contexte. Face aux évolutions du numérique de ces dernières années, elle s’est modernisée pour prendre en compte l’environnement actuel (systèmes interconnectés, prolifération des menaces, état de l’art et règlementation plus mature, connaissance de la menace), et permettre aux dirigeants d’appréhender correctement les enjeux majeurs de la sécurité du numérique (de nature stratégique, financière, juridique, d’image, de ressources humaines).
Réponse d’un membre du Club EBIOS : “Attention aux échelles utilisant plusieurs types d’impacts”
Rappel du guide EBIOS : “Cette action [élaboration d’une échelle] consiste à créer une échelle décrivant tous les niveaux possibles des impacts. Tout comme les échelles de besoins, une échelle de niveaux d’impacts est généralement ordinale (les objets sont classés par ordre de grandeur, les nombres indiquent des rangs et non des quantités) et composée de plusieurs niveaux permettant de classer l’ensemble des risques“.Ainsi, il est habituel de voir des utilisateurs de la méthode construire plusieurs échelles ordinales selon la nature de l’impact (financier, juridique, sur les opérations, sur la vie privée…) pour estimer la gravité des évènements redoutés. La construction est alors faite en graduant individuellement chaque type d’impact, sans se préoccuper de la cohérence entre les niveaux.Or, seul un résultat global est utilisé dans les cartographies de risques pour évaluer la gravité des uns par rapport aux autres. L’information sur la nature des impacts est perdue.
Pour éviter de fausses conclusions sur l’importance des risques, il faut donc veiller à vérifier la cohérence transverse de la gradation des impacts dans les échelles. Par exemple, vérifier que l’estimation d’un impact de niveau 3 sur les opérations sera de la même valeur pour l’organisme que les impacts financier et juridique de même niveau.
Lorsque c’est possible, le critère pivot (servant à la cohérence) peut être l’échelle financière. Dans le cas contraire (souvent le cas), il convient de présenter les impacts côte à côte et d’estimer leur importance auprès des responsables en recherchant un consensus. Dans ce cas là, les échelles peuvent avoir des cases vides (niveau n’ayant pas d’équivalence pour toutes les natures d’impacts considérées). Ça peut être le cas lorsque l’on estime par exemple la perte de vies humaines.Il est parfois difficile à des responsables d’établir ces échelles de manière générique. Une bonne solution consiste alors à demander aux parties prenantes de hiérarchiser les événements redoutés après avoir identifié les impacts, et de construire les échelles sur la base de cette estimation.
Réponse d’un membre du Club EBIOS : “il est utile de disposer d’échelles d’impacts hétérogènes, c’est un moyen important de communication avec les métiers”
En complément, l’idéal est selon moi de :
On peut ainsi facilement réaliser une étude à la fois SSI et protection de la vie privée en présentant côte à côte les impacts pour l’organisme et les impacts pour les personnes concernées.
Réponse d’un membre du Club EBIOS : “deux solutions”
Plusieurs propositions sont possibles pour démontrer que les problématiques associées à la traçabilité sont traitées dans une étude EBIOS sans pour autant considérer la traçabilité comme un critère :
Réponse d’un autre membre : “la traçabilité n’est pas un critère de sécurité”
Les critères de sécurité servent à apprécier les impacts en cas d’atteinte de chacun d’eux, et en particulier à étudier les besoins de sécurité. En sécurité de l’information, seules la disponibilité, l’intégrité et la confidentialité sont considérées comme des critères de sécurité (voir notamment les normes ISO/IEC 2700x). Il ne faut pas les confondre ni avec les thèmes de mesures de sécurité, ni avec les références réglementaires. En effet, le (faux) besoin de traçabilité vient du fait qu’on souhaite savoir ce qui s’est passé après un incident (mesure de détection) et/ou d’obligations diverses (légales, réglementaires, sectorielles ou liées à la politique SSI). Il est donc inutile, et même contre-productif d’étudier le besoin de traçabilité.
En outre, il conviendrait de disposer d’une échelle de besoins et d’une échelle d’impacts liées à la traçabilité. C’est souvent en essayant de les construire qu’on se rend compte qu’il s’agit d’une “envie de quelqu’un” qui relève de la mesure de sécurité ou de la couverture d’un “risque” juridique.
Enfin, ceci impliquerait d’étudier toutes les menaces qui mènent à une perte de traçabilité ! Or, ceci relève de la bonne mise en œuvre d’une mesure de sécurité, qu’il n’est pas nécessaire de traiter comme un risque (ou sinon il faudrait le faire pour le chiffrement, le contrôle d’accès, etc.). Toutefois, l’étude des besoins étant un instrument de communication avec les métiers, il est possible d’intégrer la traçabilité dans les critères de sécurité pour que les métiers adhèrent davantage à la démarche en voyant leur point de vue pris en compte…